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LE 28 NOVEMBRE 2011
OU
LE RENDEZ-VOUS DU PEUPLE CONGOLAIS AVEC L'HISTOIRE
Cinq ans viennent de passer depuis que la République démocratique du Congo a vécu les premières élections présidentielles multipartites et cela après plus de quatre décennies de son accéssion à l'indépendance. Si le cinquantenaire était un moment crucial de faire le bilan de la société congolaise en vue de voir comment jeter les bases pour l'avenir, la deuxième législature de la troisième République l'est tout autant et suscite tant de commentaires et chacun y va de sa lecture de la situation, frisant parfois le sentimentalisme comme le clientélisme longtemps dénoncé dans notre pays.
Au-délà de l'éloge de son bilan pour les cinq dernières années d'un mandat officiel qui succédait à cinq ans d'usurpation du pouvoir, Joseph Kabila se paye le luxe de prétendre continuer à gouverner la République démocratique du Congo au moment où la majorité des congolais estime plutôt que le pays vient de passer plus de cinquante ans d'angoisses et de gâchis ; et ne jure que sur le changement. Certains croiront que ces mots sont très forts et ils peuvent avoir raison à leurs yeux, puisque naïfs à jamais. Mais, lorsque l'on observe froidement la situation du congolais moyen, de l'indépendance à ce jour, on se rend bien compte à l'évidence que c'est de cela qu'il s'agit effectivement dans ce pays à la sulfureuse réputation d'être scandaleusement riche avec une population très pauvre. Et tout le paradoxe en est là, curieusement !
Il convient de souligner que l'angoisse n'est pas à chercher, mais elle est là présente dans le vécu quotidien du congolais et palpable à vue de nez. Oui, chaque jour qui passe, chaque semaine, chaque mois, chaque année, que d'angoisses pour nourrir les enfants, les loger, les éduquer, les soigner, les vêtir, les divertir... Il faut comprendre que l'Etat congolais affiche son incapacité à faire quelque chose de bien pour son peuple. Pas de courant électrique, pas d'eau potable, pas d'hôpitaux viables, l'enseignement en général est au rabais, salaires impayés avec des retards jamais enregistrés à travers le monde, tissu économique délabré, moralité et mentalité en dessous de zéro, gouvernement sans vision aucune pour le développement...
A côté de l'angoisse, il y a le gâchis qui caractérise le pouvoir congolais depuis de lustres. Oui, comme ses prédécesseurs, Joseph Kabila Kabange a ses deux pieds et sa tête bien plongés dans la corruption à grande échelle, l'intolérance, l'achat de conscience, le mensonge érigé en système de gouvernement, la concussion, le plâtrage de routes en lieu et place de la construction d'ouvrages durables. Comme si cela ne suffisait pas, la mégalomanie, la brimade comme toutes les formes de barbaries d'un pouvoir Kabiliste aux abois viennent allonger la liste.
Et c'est dans ce contexte d'un tableau, on ne peut plus sombre, que le peuple congolais se prépare à retourner aux urnes le 28 novembre 2011. Par rapport à tout ce que l'on observe depuis le retour déterminant de Etienne Tshisekedi wa Mulumba sur la scène politique congolaise en décembre 2010, il faut bien comprendre que c'est tout l'enjeu des élections qui s'est dessiné et le peuple semble avoir fait déjà son choix. En effet, on a un pouvoir qui fait tout pour se maintenir envers et contre tout, et continuer la paupérisation du peuple qui ne cache plus, pour sa part, son ras-le-bol et qui veut bien en finir et tourner la page.
Aujourd'hui, il n'est de doute pour personne que les indignés de la République démocratique du Congo, pour empreinter le vocable en vogue, et qui se récrutent parmi les fonctionnaires et agents de services publics de l'Etat à qui l'on fait miroiter de barèmes de salaires jamais appliqués ; les enseignants et les professeurs dont on a pas de considératitons ; les médecins et les para-médicaux dont on méconnait l'importance dans la société ; les étudiants dont on ne sait pas améliorer leurs conditions ; tous ces chômeurs pour qui le pouvoir Kabiliste n'a pas de plan pour leur sortir de l'oisiveté ; toutes ces jeunes filles et ces mamans qui sont violées chaque jour qui passe sous l'oeil complaisant du pouvoir de Kinshasa ; toutes ces personnes qui n'ont plus droit à l'eau potable, à l'électricité, aux soins de santé... bref, tous ces congolaises et congolais, à qui l'on renie le droit à une vie décente, ne cessent de se mobiliser pour se débarasser des imposteurs.
C'est pour dire que le 28 novembre 2011 signifie que le peuple congolais a un grand rendez-vous avec l'histoire. Et ce rendez-vous se résume en un seul mot : changement. Ce changement sera fêté le 06 décembre 2011 par le peuple meurtri. C'est pour dire qu'un peuple qui sait d'où il vient, où il est, et où il veut aller, il a la latitude de décider de la nouvelle orientation à donner à sa vie envue de mettre fin à sa souffrance qui n'a que trop durée. Davantage, on ne peut attendre d'un peuple qui vient de passer cinquante ans d'angoisses et de gâchis, qu'un sursaut dont les raisons restent plus que jamais éloquentes et palpables comme dit ci-dessus.
C'est pour dire que l'on ne peut pas mettre fin à la corruption avec les corrupteurs, au mensonge avec les menteurs, au vol avec les voleurs, à la faim avec les affameurs du peuple, à la prédation avec les prédateurs, à la dictature avec les apprentis dictateurs... Autrement, le camp de Joseph Kabila Kabange dira avec arrogance que : heureux les naïfs car ils seront exploités. Or, le peuple congolais n'est pas naïf, donc le changement est inéluctable et bravo d'avance pour la résistance. Point n'est besoin de rappeler la caricature des congolais aux yeux de Paul Kagame à savoir que nous étions de BMW, avec B comme Bière, M comme Musique et W comme Women ( Femme dans la langue de Shakespeare ).
Le destin de la RD-Congo est entre les mains de chaque électeur et électrice.
Fait à Haarlem, le 05 octobre 2011.
Alexis Kalunga
Ecrivain
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